Noir le café du matin pour l'ouvrier
Noir le pantalon, la veste en serge, les godillots enfilés hâtivement.
Noir la rue qu'emprunte le mouleur au petit matin.
Noires les ombres qui longent le mur noir de l'usine.
Noire la masse d'hommes qui s'engouffre sous le portail.
Noir l'intérieur de l'édifice.
Noires les verrières poussiéreuses qui diffusent une faible lueur sans teint.
Noir le manche de l'outil qui s'active dans le sable noir adhérant à la chaussure.
Noirs les gants qui maintiennent la pelle.
Noir brillant de crasse le tablier de l'homme.
Noirs à leur tour deviennent le visage, les mains, les ongles.
Noire la poussière qui s'échappe des cheminées de la fonderie, vole, se dépose sur les fils à linge, le toit des maisons, des voitures.
Noire et âcre l'odeur qui emplit l'air et les poumons.
Et ce soir il fera toujours noir.
Geneviève, "Ouvrier", St-Dizier 2002
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